Toute puissance de la Miséricorde

 

Tout comme moi, peut-être vous revoyez-vous, enfant, sur la plage, en train de dresser un petit muret fait de galets et de sable, pour résister aux vagues montantes de la mer. J’en ai dressé de si grands et si solides. Parfois, ils se sont maintenus longuement, s’ébranlant finalement, s’effondrant inexorablement. C’est que le flot des vagues, si faible soit-il, sans violence extrême ni force apparente, poursuit toujours sa montée sans que rien ne puisse l’arrêter. Les minutes et les heures peuvent s’écouler ; les murs finissent immanquablement par s’écrouler.

 

Il me semble qu’il en va de même de la Divine Miséricorde. « Dieu est amour » ; il en est ainsi. Quelle merveille ! Il est tendresse et pardon ; que voulez-vous ? là encore, il en est ainsi. Quelle splendeur ! Les flots jaillis du cœur du Christ sont une pure merveille pour notre humanité pécheresse. Qui pourra les stopper, les endiguer, les freiner ou à fortiori les stopper ? Ils montent inexorablement. Devant eux, tout finira un jour ou l’autre par s’effondrer.

 

Sans nul doute, particulièrement en ces dernières décennies, l’Eglise se plaît à le rappeler  et à le proclamer.

→ Le saint pape Jean-Paul II, le 30 avril 2000, décrétant que le deuxième dimanche de Pâques prendrait désormais le nom de « Dimanche de la divine Miséricorde  » répondait  en cela au souhait du Ressuscité, révélé mystiquement à cette religieuse polonaise : « La fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu’il ne se tournera pas vers la source de ma miséricorde ». C’est ce même Saint Jean-Paul II qui affirmait dans sa première encyclique qui portait le beau nom de « Dieu riche en miséricorde » ? « Il n’existe pas pour l’homme d’autre source d’espérance en dehors de la miséricorde de Dieu. Nous désirons répéter avec foi : Jésus, j’ai confiance en Toi! ». En lien avec l’évangile de ce jour, il  soulignait : « Comme les Apôtres autrefois, il est toutefois nécessaire que l’humanité d’aujourd’hui accueille elle aussi dans le cénacle de l’histoire le Christ ressuscité, qui montre les blessures de sa crucifixion et répète : Paix à vous! Il faut que l’humanité se laisse atteindre et imprégner par l’Esprit que le Christ ressuscité lui donne. C’est l’Esprit qui guérit les blessures du cœur, abat les barrières qui nous éloignent de Dieu et qui nous divisent entre nous, restitue la joie de l’amour du Père et celle de l’unité fraternelle ».

→ Le pape Benoît XVI, quant à lui, n’est-il pas celui qui a affirmé très nettement  que « Le culte de la Miséricorde Divine n’est pas une dévotion secondaire, mais une dimension intégrante de la foi et de la prière du chrétien » et qui a souligné que « Jésus est désormais reconnaissable non pas tant par son visage que par ses plaies ». « Thomas, disait-il, considère que les signes caractéristiques de l’identité de Jésus sont à présent surtout les plaies, dans lesquelles se révèle jusqu’à quel point Il nous a aimés. En cela, l’Apôtre ne se trompe pas ».

 

→ Que dire de notre pape François, merveilleux chantre de la Miséricorde. Ce thème est chez lui tellement présent. On se plaît à faire remarquer que dans le texte de l’édition italienne d’Evangelii gaudium rédigé par le pape, le mot miséricorde est évoqué 31 fois. Notre Saint Père n’a-t-il pas, de plus, choisi comme thème des prochaines J.M.J 2016 à Cracovie la 5ème béatitude : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Et comme une apothéose, voilà que notre bon pape François vient d’annoncer une année jubilaire extraordinaire de la Miséricorde, allant du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016. Hier, devant la porte sainte de la basilique Saint Pierre à Rome, il en a lu la bulle d’indiction.

 

« Miséricorde », « miséricorde ». Ce mot résonne et monte au plus profond des cœurs. Il veut et peut tout emporter devant lui. C’est comme une marée à même de faire tomber tous les murs de haine et de guerre qui se dressent entre les hommes, qui s’élèvent entre Dieu et les hommes. La miséricorde est la plus forte, … toujours la plus forte. Quelle merveille !

 

Père Gilles Morin, curé