Le Ciel en notre cœur et dans nos familles

 

C’était le samedi 25 avril au soir. Je célébrais la messe en notre église. J’étais débordant de joie. Certes, c’est toujours une grâce immense pour un prêtre de célébrer l’eucharistie, mais ce soir là, il y avait une tonalité particulière. Ma famille était présente, toutes générations confondues : mes frères et sœurs, neveux et nièces, petits neveux et petites nièces. Ils s’étaient réunis pour m’entourer à l’occasion de mes 60 ans. Ce ne sont guère des piliers d’Eglise ni des pratiquants réguliers, loin s’en faut, mais il était évident pour tous qu’il fallait commencer par la messe. Quelle joie, donc, de les voir se signer de la croix, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit !

 

–          Tous portèrent leur main à leur front, comme pour signifier : « Seigneur, je veux t’aimer de toute mon intelligence ».

–          Puis leur main, en même temps que la mienne, se posa au milieu de leur poitrine, comme pour affirmer : « Seigneur, je veux t’aimer de tout mon cœur ».

–          Enfin, avec toute l’assemblée, leur main passa d’une épaule à l’autre ─ elles sont solides nos épaules ─, comme pour conclure : « Seigneur, je veux t’aimer de toutes mes forces ».

C’est tellement beau une famille qui n’oublie pas le signe du chrétien et qui, d’un même mouvement du cœur et du corps, pose ce geste en invoquant le Père, le Fils et l’Esprit-Saint ! Dieu est trinité ; il est communion d’Amour infini. N’est-ce-pas la splendeur de la vocation de toute famille que de refléter cette révélation en étant le lieu par excellence de l’unité dans l’amour ?

 

Cette vérité de foi qu’est le mystère de la Sainte Trinité ne saurait rester pour nous un simple enseignement dogmatique formulé dans le catéchisme de l’Eglise Catholique. Elle doit nous rejoindre au plus profond de nous-mêmes et illuminer notre quotidien. C’est une pure merveille. « Il me semble, écrivait la Bienheureuse Élisabeth de la Trinité, que j’ai trouvé mon Ciel sur la Terre, puisque le Ciel c’est Dieu, et Dieu est en mon âme. Le jour où j’ai compris cela, tout s’est illuminé pour moi … Cette intimité de l’âme baptisée avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit est l’essence même de notre vie spirituelle. Il faudrait le crier sur les toits ». Puissions-nous, nous aussi, le comprendre pour que tout s’illumine en nous et autour de nous, à commencer au sein de notre famille.

 

Je le répète : mes frères et sœurs, neveux et nièces, petits neveux et petites nièces ne sont guère des piliers d’Eglise ni des mystiques portés à crier sur les toits qu’ils sont habités au nom de la Trinité Sainte. Ils seraient sans doute bien démunis pour se lancer dans des discussions sur cette vérité centrale de la foi catholique. Il n’empêche : ils restent capables, sans honte aucune, de faire sur eux-mêmes un beau signe de croix. Par ce simple geste, ils crient à leur manière, bien pauvrement et imparfaitement, qu’ils croient en Dieu, Père, Fils et Esprit-Saint. Ma famille, en effet, toutes générations confondues, à l’une ou l’autre exception près, est une famille de baptisés. Quelle grâce !

 

Oui, j’étais tout à la joie en ce samedi 25 avril. Nous étions tous rassemblés. Etaient même présents, invisiblement mais réellement, mon papa et ma maman qui, de l’au-delà j’en suis sûr, nous voyaient et se réjouissaient. Je pense particulièrement à ma maman qui a tant fait pour que nous vivions de l’Amour Trinitaire. En ce dimanche de la fête des mères, comment pourrais-je l’oublier ? Bonne fête, maman, et un immense merci … et bonne fête à toutes les mamans, et merci.

 

Père Gilles Morin,

Curé