La sainte des « ténèbres »

 

Ce titre d’éditorial peut surprendre. La sainteté renvoie à la lumière et non aux ténèbres. On ne peut être à la fois dans la gloire de Dieu et immergé dans l’obscurité. Pourtant, ces mots nous viennent de Mère Teresa qui est canonisée par l’Eglise en ce dimanche 4 septembre, à Rome. Ils résonnent sous sa plume comme une affirmation, une quasi revendication. « Si jamais je deviens sainte, écrivait-elle au Père Joseph Neuner le 6 mars 1962, je serai certainement une sainte des « ténèbres ». Je serai continuellement absente du Ciel pour allumer la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres sur terre. » Et voilà que Mère Teresa est proclamée sainte parce qu’elle l’est vraiment, comme elle l’a tant désiré.

 

Lorsqu’elle fit ses premiers vœux en Inde en 1931, Agnès Gonxha Bojaxhiu, jeune fille née à Skopje en Macédoine, choisit le nom de Teresa en référence à la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus. Or nous connaissons bien l’affirmation de cette sainte si populaire : « Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre ». Teresa, elle, l’affirme : Elle passera son Ciel à allumer la lumière pour ceux qui sont dans les ténèbres. N’y a-t-il aucune zone d’obscurité dans nos vies ? Nous pouvons donc invoquer sainte Teresa de Calcutta pour qu’elle vienne nous porter la lumière … celle du Ciel.

 

En cette rentrée scolaire, au début de cette nouvelle année pastorale, n’est-ce pas un bel objectif à se fixer que de nous unir à cette nouvelle sainte pour porter la lumière à nos frères ? Ne nous récrions pas en prétendant que telle n’est pas notre mission. C’est notre vocation à tous. Lorsque Mère Teresa reçu l’inspiration de l’Esprit Saint à fonder une nouvelle Congrégation, l’évêque de Calcutta rechigna à un tel projet, allant jusqu’à affirmer à son sujet : « Elle ne serait pas capable d’allumer correctement un cierge. » Pourtant, elle a embrasé le monde.

 

Avec humilité, Mère Teresa accueillait les dons de Dieu et en rendait grâce. Parlant des pauvres, elle disait à son Seigneur : « Ô Dieu, avec quelle facilité je les rends heureux ! Donnez-moi la force d’être toujours la lumière de leur vie et ainsi de les conduire à Vous ! » C’est ce qu’elle fit jusqu’au bout, dans la simplicité du quotidien. Sa tendresse et sa bonté lui gagnaient les cœurs. On la surnommait « Ma », comme « Maman ». « Oh, Ma, lui disait une mère de famille de Calcutta, revenez nous voir ! votre sourire a fait entrer le soleil dans cette maison ».

 

Attaquons cette nouvelle année, ardents à vivre dans la lumière pour la rayonner et la porter à tous.  « On peut enrouler du fil électrique en une petite ou une grosse bobine, écrivait-elle encore avec sagesse, cela peut être du fil neuf ou ancien, cher ou pas cher, mais tant que le courant ne passe pas, il n’y a pas de lumière. Ce fil est comme vous et moi. » … Et Mère Teresa de nous renvoyer au beau modèle de Celle qui est la patronne de notre paroisse : « Notre Dame était le plus beau fil. Elle s’est abandonnée totalement à Dieu, elle est devenue pleine de grâce et le courant – la grâce de Dieu – circulait à travers elle. »

 

Soyons donc un bon fil conducteur, quels que soient notre situation, notre santé, notre âge, etc … Laissons passer le courant, Jésus qui est Lumière de nos vies. Il est aussi  » Lumière du monde » … une Lumière pour tous. Avec l’aide de Mère Teresa, soyons des saints des « ténèbres »

 

Père Gilles Morin,

Curé