D’abord au-dedans, ensuite au dehors

Il fut un temps où mon bureau se couvrait de cartes de Noël envoyées par des amis et des membres de ma famille. Elles représentaient le plus souvent une crèche, avec un sapin, sous la neige. Ces simples mots y étaient inscrits, en lettres d’or, bien en évidence : « Joyeux Noël ».

Les temps ont évolué et la technologie s’est développée. Ces dernières années, les cartes virtuelles se sont imposées sur ma boite mail, accompagnées de jolies mélodies facilement identifiables du type « Douce nuit, sainte nuit » ou « Il est né le Divin Enfant »

Depuis trois ou quatre ans, les souhaits se font plus rares à l’occasion de la Nativité. Très peu de cartes postales, encore quelques mails, davantage de « textos », accompagnées le plus souvent de cette expression : « Bonne fêtes de fin d’année ». L’intention est touchante et sans aucun doute pleine de délicatesse. Il n’empêche. « Bonnes fêtes », nous répète-t-on, mais de quelles fêtes s’agit-il ? En sommes-nous au point où nous ne savons même plus ce que nous fêtons ni Celui que nous fêtons ? Est-ce si compliqué de formuler sans complexe ce souhait porteur de joie et d’espérance : « Joyeux Noël » ?

« En ce temps-là », commence le passage de l’Evangile de ce jour, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem» La grande joie de la naissance d’un Sauveur venait de leur être annoncée. Ils se précipitèrent donc pour le contempler. « Après avoir vu, poursuit l’Evangile, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant… Ils repartirent, ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu … » Si « ce temps-là » avait été aujourd’hui, il est fort à parier que les bergers se seraient emparés au plus vite de leur portable pour porter la nouvelle incroyable jusqu’à leurs amis les plus éloignés, tant sur facebook que par S.M.S., WhatsApp, twitter etc … photos du nouveau-né et de sa famille à l’appui. La nouvelle, l’occasion de la fête, c’est une naissance … La Naissance … C’est Noël.

Comme vous pouvez le remarquer, Marie contraste avec les bergers. Elle est arrivée sans fanfare ni trompette à Bethléem. L’Enfant-Dieu étant né, il ne nous est pas dit qu’elle exulte comme elle le fit quelques mois auparavant en présence d’Elisabeth. Elle ne s’en va pas non plus en s’écriant : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur ». « Marie, nous précise au contraire l’évangéliste, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ».

En ce premier jour de l’année nouvelle 2017, Marie nous invite donc à adorer, à contempler, à savourer et à intérioriser le mystère inouï de la Nativité. Ensuite, et ensuite seulement, comme les bergers, nous pourrons laisser déborder de notre cœur la joie qui nous habite et la Bonne Nouvelle que nous avons mission d’annoncer à tous les hommes de bonne volonté. « Ce qui était dès le commencement, nous dit saint Jean,  ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie … nous vous l’annonçons ». Alors, à tous, bonne et sainte année 2017 de contemplation et de mission… D’abord au-dedans de nous-même … ensuite au dehors.

Père Gilles Morin, curé