Bonne Nouvelle

J’étais récemment en métro sur la ligne 8 que la plupart d’entre vous connaissent certainement bien et utilisent peut-être même au quotidien. Tel n’est pas mon cas. Je devais effectuer un changement à « Strasbourg saint Denis ». Le nom de la station précédente, qui m’était pourtant familier, me frappa particulièrement : « Bonne Nouvelle ». Oui, ces mots étaient écrits, bien en évidence, et même annoncés au micro. Juste au niveau où je me trouvais à l’arrêt dans la rame, une belle affiche titrait : « La flûte enchantée ». C’était l’annonce publicitaire de cette œuvre magnifique de Mozart à l’opéra de Paris.

Bonnes nouvelles ! Aujourd’hui, certains pourraient lister les euphories d’un instant : victoire du PSG sur le Barça, montée dans les sondages de leur candidat préféré à la présidentielle, dernière acquisition technologique, concert, soirée festive, repas dans un bon restaurant etc … On se souvient de cette expression latine : Panem et circenses, littéralement « pain et jeux du cirque », souvent traduite par « Du pain et des jeux », utilisée dans la Rome antique pour dénoncer l’usage délibéré fait par les empereurs romains de distributions de pain et d’organisation de jeux dans le but de flatter le peuple afin de s’attirer la bienveillance de l’opinion populaire. Cette expression est tirée de la Satire X du poète latin Juvénal, qui lui donne un sens satirique et péjoratif. Nos bonnes nouvelles se réduisent-elles à de tels horizons superficiels, éphémères et terrestres ? Allons-nous nous contenter de si peu ?

Il est révélateur de souligner que la station de métro  « Bonne Nouvelle », dont la thématique décorative est aujourd’hui celle du cinéma, porte son nom en référence à l’église dédiée à Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle qui met en lumière le mystère de l’Annonciation. « Et verbum caro factum est … et le Verbe s’est fait chair … et il a habité parmi nous ». Cette Bonne Nouvelle a une autre carrure que celles colportées par l’esprit du monde. C’est notre Évangile.

Bonne Nouvelle ! Voilà justement que la Parole de Dieu de ce dimanche nous percute en nous rappelant notre vocation : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint », et Jésus lui-même insiste : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Quelle perspective ! Quel but ! Nous sommes faits pour cela. Notre vie n’est pas du cinéma ; elle ne saurait s’engluer dans « du pain et des jeux ». C’est pourtant trop souvent ce que le monde nous propose. « Que personne ne s’y trompe, nous dit l’Apôtre Paul : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage ». Notre Bonne Nouvelle nous exhorte donc à devenir fou à la manière de Dieu … Et n’est-ce pas la folie de Dieu de nous aimer comme il nous aime et de vouloir que nous soyons saints comme il est saint ?

Père Gilles Morin, curé