La Trinité au bout des doigts

Qu’il est grand le mystère de notre foi ! Il est central et donc incontournable. Comment tenter de l’approcher et de le formuler ?  Dès le IVème siècle, saint Athanase affirmait fermement que la foi catholique consiste en ceci : « Adorer un Dieu unique en Trois personnes, et Trois Personnes ne formant qu’un seul Dieu, sans confondre les Personnes, mais sans diviser la substance ». Et de poursuivre : « Autre, en effet, est la Personne du Père, autre celle du Fils, Autre celle du Saint-Esprit, mais le Père, le Fils et le Saint Esprit ont une seule nature divine, une égale gloire, une même éternelle majesté ».

Qu’il est grand le mystère de notre foi, mystère qui justement demande notre adhésion par un acte de foi ! La théologie nous parle bien de la circumincession qui se définit comme étant « la compénétration mutuelle des personnes de la sainte Trinité fondée sur l’unité de leur essence« . Tout cela semble si compliqué. Au fil des années et par ses saints, l’Eglise, en bonne pédagogue, s’est efforcée d’exprimer la vérité de ce mystère à partir d’images toutes simples, à portée de tous.

Ainsi dès le Vème siècle, saint Patrick pérégrinant dans les landes irlandaises, eut l’astuce d’utiliser le trèfle pour « illustrer » la Trinité.

De même saint Nicolas de Flue qui au XVème siècle eut la vision d’une roue à trois rayons. Il affirmait qu’elle était pour lui l’image à travers laquelle il contemplait l’être de Dieu. «Au centre, expliquait-il, il y a la divinité non divisée dans laquelle tous les saints se réjouissent. Comme les trois rayons, les trois personnes de la divinité sortent et embrassent le ciel et le monde entier.»

Par-delà ces images plutôt champêtres, il y a celle, plus récente et plus austère, du triangle équilatéral. Elle est parlante pour les amateurs de mathématiques : Un seul triangle avec trois côtés et trois angles égaux.

Et voici que vient de surgir cette petite merveille toute récente que l’on voit tournicoter à grande allure entre les doigts des enfants. Il s’agit du hand-spinner (encore un anglicisme) que l’on pourrait traduire « toupie à main ». Le principe de ce jouet consiste à placer le centre de la toupie entre le pouce et l’index et à le faire tourner le plus vite et le plus longtemps possible. Par-delà l’aspect ludique, il semble qu’il y ait aussi une dimension thérapeutique, à savoir d’évacuer le stress pour mieux se concentrer. A y regarder de près, on ne peut s’empêcher de voir en ce petit ustensile ludique une potentielle occasion catéchétique. Pas plus tard qu’avant-hier, je lisais ces lignes explicatives :

« La soudaine invasion des hand-spinner dans les cours d’école n’offrirait-elle pas une manne providentielle aux catéchistes ? Par le parallélisme des formes et l’analogie du mouvement rotatif,  ce  jouet  étrange  ne deviendrait-il pas un support ludique pour éclairer notre foi ? Par sa forme, une toupie à trois bras tournant sur un axe central monté sur un roulement à bille, le hand-spinner ressemble  à  s’y  méprendre  au  « bouclier » de la Trinité. Ce schéma triangulaire n’a d’autre ambition que de simplifier une réalité spirituelle aux dimensions infinies : le Père, le Fils et l’Esprit saint sont trois personnes distinctes tout en étant consubstantielles. En tournant sur lui-même, le hand-spinner adopte aussitôt une forme circulaire, dans la fusion complète de ses trois bras. Au bout du doigt, n’apparaît plus qu’un seul disque, uniforme et univoque. Preuve manifeste dans cette virevolte : la divinité n’est pas séparable en trois, elle réside en un seul Être, dans un mouvement simultané d’amour unissant les trois personnes de la Trinité. Rotation incessante par laquelle le Père engendre le Fils dans l’Esprit…/… En notre XXIe siècle fasciné par les gadgets, pourquoi le hand spinner n’accèderait-il pas au statut de jouet spirituel ? Comme tel, il mériterait toute sa place dans l’éducation religieuse, à condition de le faire tourner, tourner encore, tourner toujours pour que la Trinité ne soit plus un mystère ! »

Les enfants du patro m’ont déjà fait essayer le hand-spinner. C’est finalement tout simple, sans que je sois un champion, loin s’en faut. Alors, n’hésitez pas à essayer vous-aussi et à imaginer cet amour trinitaire qui circule à vitesse grand V éternellement, non pas au bout de vos doigts mais dans le cœur de Dieu. C’est cet amour qui a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint. C’est cet amour qui va irriguer à pleins flots Priscille, Haniel Baptiste, Andrew Damien et Gaspard qui vont recevoir en ce dimanche la grâce du sacrement de baptême.

Père Gilles Morin, curé