De la pauvreté de la crèche à la splendeur du temple

Piètre maternité que celle de la crèche de Bethléem. Quel contraste avec la somptuosité du temple de Jérusalem ! Pourtant c’est le même enfant qui y entre, Lui qui est lumière du monde et Roi de gloire.

La crèche est lieu d’admiration. Tous les regards convergent vers le nouveau-né. Marie et Joseph le contemplent. Les bergers, eux, en sont émerveillés. Que voient-ils ? Non pas simplement un petit d’homme mais toute une famille. Luc se plaît à souligner qu’ils « découvrirent Marie et Joseph avec le nouveau-né couché dans la mangeoire ». Ces bergers sont subjugués par une Trinité d’Amour où tout respire la douceur et la paix.

Voilà à présent cette même famille entrant au temple majestueux de Jérusalem. Quel accueil ! Il y a les louanges proclamées par la prophétesse Anne et la bénédiction du vieillard Syméon ; mais résonnent aussi ces mots si lourds de sens adressés à Marie : « Et toi, ton âme sera traversée d’un glaive ».

Une maternité, telle que celle de Sainte Félicité, peut connaître son lot de drames, mais elle est surtout ce lieu d’admiration où jaillit la vie, où des parents s’extasient devant leur tout-petit, où une douce lumière et une véritable paix émanent de chaque nouveau-né si braillard soit-il. Proches et  amis, tels les bergers, accourent eux aussi. Que voient-ils ? Le bébé, certes, pure merveille et fruit de l’amour, mais aussi une maman et un papa rayonnants de bonheur. Oui, amis et proches se retrouvent en présence d’une trinité d’amour qui savoure la douceur et la paix apporté par un tout petit.

Voilà à présent cette famille, bien chrétienne, entrant dans une église. Là aussi quel accueil ! Les prêtres ne manqueront pas de rendre grâce et de bénir. Tous vont sourire et se réjouir. Mais ils savent qu’une vie de famille n’est pas une croisière tranquille. Il y aura des nuits sans sommeil, des moments d’angoisse, des épreuves à surmonter. Cet enfant grandira, et s’il est profondément épris de Dieu, il sera un signe de contradiction et une pierre d’achoppement pour notre monde. Ses parents en seront alors bouleversés.

C’est le lot de l’amour que de s’émerveiller ; c’est aussi le lot de l’amour que d’avoir, un jour ou l’autre, son cœur transpercé. Une famille est un trésor inestimable. On le sait à la maternité ; on l’oublie parfois au fil des années ; on en redevient conscient quand on est très âgé ; et on espère bien avoir l’immense joie de la retrouver dans l’éternité.

Père Gilles Morin, curé