La 4ème rose : l’Amen

Nous le savons : le mystère de la Sainte-Trinité est au cœur de notre foi. C’est vraiment un mystère qui nous dépasse. Pour nous, chrétiens, il est fondamental. Dieu n’est pas solitude ; il est Trinité, Père, Fils et Esprit-Saint. En son sein circule éternellement un amour infini dont nous ne pouvons que pressentir la mesure. Dieu est Amour ; nous sommes créés à son image et à sa ressemblance. Tout notre être est donc éminemment trinitaire. Nous avons vocation au don, nous sommes faits pour vivre en communion.

 

Mardi soir, nous avions à la paroisse la messe célébrée aux intentions de nos cuisinières et cuisiniers, c’est-à-dire les personnes qui, au cours de l’année, ont la délicatesse et la générosité de préparer le repas du dimanche pour notre communauté. Au terme de la célébration, nous nous sommes retrouvés autour d’un verre de l’amitié. A tous, nous avons offert une rose en signe de gratitude. J’ai pris plaisir à taquiner l’une de nos paroissiennes qui repartait … trois roses en main. « Voilà un bouquet trinitaire, lui dis-je. Une rose pour le Père, une pour le Fils et une pour le Saint-Esprit ». Peu après, un papa voit venir vers lui sa petite Philippine … quatre roses en main. Il lui fait remarquer en riant que son bouquet à elle n’est pas trinitaire. Et sa petite de lui répondre : « La 1ère c’est pour le Père ; la 2ème c’est pour le Fils, la 3ème c’est pour le Saint-Esprit ; la 4ème, c’est mon « Amen ! » ».

 

Ce week-end, des jeunes de notre paroisse font leur profession de foi solennelle. Providentiellement, c’est dans le cadre de la fête de la Sainte-Trinité qu’ils vont reprendre à leur compte les promesses de leur baptême et affirmer avec ferveur : « Je crois au Père, au Fils et au Saint-Esprit ». Tout leur être clamera l’Amen brulant et retentissant de leur cœur. Ils seront tout de blanc vêtus. Ils seront resplendissants et odorants … comme de belles fleurs … comme autant de belles roses. Que leur démarche ravive notre foi ; qu’elle donne plus de force et de vérité à notre Amen !

 

La bienheureuse Elisabeth de la Trinité écrivait : « Oui, Amen, ainsi soit-il, qu’il n’en soit pas autrement…Oui, Amen, ô mon Dieu, Trinité que j’adore ! … Amen, Amen, c’est l’acquiescement total dans l’oblation et consécration plénières de soi –même ; c’est la vraie, la seule adoration qui soit, dans l’Esprit, dans la Vérité ; livraison absolue au Père, au Fils, à l’Esprit-Saint ». Et elle ajoutait : « Tais-toi, ô mon âme, dans le silence qui adore et ne peut dire que : Amen, en Jésus-Christ, à la gloire du Père, par l’Esprit d’Amour… Amen, Amen, Amen…ô mon Dieu Trinité que j’adore !… »

 

Alors, entrons-nous un peu plus dans le silence de l’adoration afin de répéter, avec tous ces jeunes qui font leur profession de foi : « Amen !». Notre paroisse sera alors comme un magnifique parterre de roses. Et c’est tellement beau les roses.

 

Père Gilles Morin

Curé

Poussés par le vent pour porter le Feu de l’amour

Comme les années précédentes, j’irai sans doute passer quelques jours du mois d’août dans ma chère Bretagne. Elle est si belle, sans chauvinisme aucun. J’aime me promener sur la plage ou m’asseoir face à la mer pour contempler son immensité, respirer son air tonifiant et me laisser bercer par le roulis des vagues. Il m’arrive d’admirer ces véliplanchistes qui filent sur l’eau avec grande aisance. Debout sur leur planche à voile, ils sont poussés par le vent. Il en est d’autres qui ont bien du mal à maintenir leur équilibre malgré de multiples tentatives pour y parvenir. Ils tombent et retombent. On les voit plus souvent dans l’eau, accrochés à leur planche, que sur elle à glisser sur l’océan. Pour des spécialistes, c’est pourtant si facile. Tant que la voile est déployée et bien orientée, il suffit, avec souplesse, de laisser le vent s’y engouffrer.
Pourquoi, malgré nos multiples efforts, sommes-nous si souvent à l’eau, immergés dans nos soucis, submergés par l’immensité des flots de notre monde, mais  replongeant et replongeant encore ? C’est que nous avons du mal à déployer la voile de notre cœur et à bien l’orienter pour que s’y engouffre l’Esprit-Saint. Lui souffle ; il souffle toujours ; c’est une certitude. N’est-il pas Celui qui est « Seigneur et qui donne la vie ». Mais voulons-nous, avec souplesse, aller là où il veut nous mener… comme il le veut… quand il le veut ?

Tout récemment, dans notre quartier, rue Modigliani, un hall d’immeuble a brûlé. Quelqu’un d’irresponsable ou de mal intentionné a mis le feu dans le local à poubelles. La flamme de départ a tout embrasé. Une fumée âcre s’est élevée. Grâce à l’intervention des pompiers, le pire a été évité. Il suffit en effet d’une étincelle pour déclencher un incendie, il suffit d’une flammèche pour provoquer un immense embrasement.
Ah ! si nous étions comme autant de petites flammes qui portent le feu au monde, non pour l’anéantir mais pour le faire vivre, non pour le calciner mais pour l’illuminer, tout serait tellement plus radieux. On respirerait à pleins poumons la bonne odeur de l’Amour « qui a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint ».

En cette solennité de la Pentecôte, la parole de Dieu nous présente l’Esprit-Saint sous les signes du vent et du feu : « Il vint du ciel, nous dit-on, un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent » et les apôtres « virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux ». Les jeunes et les adultes qui sont Confirmés vont vivre leur Pentecôte. Puissent-ils être comme de talentueux véliplanchistes qui glissent sur l’océan de notre monde ; puissent-ils être comme autant de flammèches qui lui portent la lumière et le feu de l’Amour. Puissions-nous l’être, nous aussi et nous tous qui sommes confirmés.

Père Gilles Morin
Curé