La victoire est acquise

Le mal s’étale si souvent sous nos yeux, accablant, écrasant, omniprésent … en nous et autour de nous. La nuit nous paraît parfois si noire, si lourde, si épaisse. La mort dévastatrice multiplie ses ravages et semble toujours devoir l’emporter. Ö puissances du mal, de l’obscurité et du péché ! pensez-vous pour autant triompher ? Ne le savez-vous pas ? vous avez été défaits, vous avez été terrassées. « Ô mort, où donc est ta victoire ? La mort a été engloutie par la vie ». La lumière resplendit, la justice est rétablie, l’Amour se montre le plus fort. C’est la Pâque du Seigneur. Avec lui, par lui, et en lui, nous sommes les grands vainqueurs. Pourquoi l’oublions-nous trop souvent ?

Le mal s’étale sous nos yeux, la nuit nous semble épaisse, la mort fait ses ravages … Oui, mais elles ne sauraient avoir le dernier mot. La Victoire du bien, de la lumière et de la vie est acquise. Jésus est ressuscité ; nous ressusciterons. Jésus a triomphé ; pourquoi nous décourager ? En ce saint jour de Pâques, laissons nos cœurs exulter.

Posons un regard de foi, et admirons : Chaque jour, le bien s’étale aussi sous nos yeux, des étoiles scintillent dans notre obscurité, des gestes d’amour et de vie suscitent des sourires et font renaître l’espérance. Oui, chaque jour nous apporte mille motifs de nous émerveiller et de voir à l’œuvre la puissance de la résurrection … en nous et autour de nous.

Penses-tu que tout soit mort ? Ravives ta foi ; Crois. Jésus non seulement nous l’affirme mais nous le confirme par le fait inouï et historique de sa Résurrection : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ». « Qui croit en moi a la vie éternelle ».

En cette solennité de Pâques, prenons la mesure du trésor de notre foi et exultons. C’est si beau de pouvoir dire « Je crois ». C’est une telle force, une telle lumière, une telle source d’eau vive ! Le curé d’Ars savait le rappeler à ses paroissiens : « Quand nous disons : « Mon Dieu, je crois fermement, c’est-à-dire sans le moindre doute, sans la moindre hésitation … Je crois fermement que vous êtes présent partout, que vous me voyez, que je suis sous vos yeux, qu’un jour je vous verrai clairement moi-même, que je jouirai de tous les biens que vous m’avez promis ! … Mon Dieu, je vous aime ! j’ai un cœur pour vous aimer ! » Oh comme cet acte de foi qui est aussi un acte d’amour, suffirait à tout ! »

Oui, c’est si beau de croire, … de pouvoir affirmer en Eglise, sans détours et en toute vérité : « Le Christ est ressuscité, alléluia ! Il est vraiment ressuscité, alléluia ! Il est le Vivant à jamais ».

Père Gilles Morin
Curé

Il suffit … c’est apparemment si facile

Palmes à la main, la foule l’a admiré et acclamé : « Hosanna au Fils de David » ; Peu de jours après, elle va vociférer et le condamner « Mort à cet homme,… crucifie-le ».
Le Larron, lui, n’a ni bougé ni crié ; il était emprisonné. Peu de jours après, avec Jésus sur une croix, il va Le regarder et Le supplier. Il va en être sauvé.

Nous le savons : le Christ n’est pas venu pour les justes mais pour les pécheurs. Jusqu’au bout, il va se livrer tout entier à cette mission de Salut. Son dernier dialogue sur notre terre se fait donc avec un malfaiteur.  C’est le choc de ce que les grands prêtres pourraient appeler le scandale de la miséricorde. Ce rabbi non seulement fait bon accueil aux pécheurs mais il leur ouvre même les portes du paradis. Ce qu’ils considèrent avec exaspération doit au contraire susciter notre admiration. Oui, admirons.

À ce bon larron, il a suffi d’un regard et d’une supplication ô combien intenses pour s’entendre dire : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Ce brigand au cœur contrit a crié ; Jésus s’est précipité. « Il faut moins de peine pour se sauver que pour se damner », disait saint Jean-Marie Vianney. C’est vrai ; il suffit d’un cœur qui pleure, d’un cri de détresse, d’un regard de contemplation.

En ce dimanche des rameaux, nous sommes de cette foule en liesse. Nous avons conscience cependant, à un degré ou à un autre, d’être de pauvres pécheurs, de piètres larrons. La lecture de la Passion va résonner au plus intime de nous-mêmes et nous bousculer. Par-delà l’émotion, posons notre regard sur le Supplicié, poussons notre cri d’espérance vers le Crucifié. N’en doutons pas, il va se précipiter …  et se précipiter pour nous pardonner « plus vite qu’une mère n’aura retiré son enfant du feu », nous assure le curé d’Ars.

Demain sera pour nous la journée du pardon. Nous serons comme le bon larron. Nous viendrons confesser nos péchés, nous en serons pardonnés. Notre cœur suppliera : « Jésus, souviens-toi de moi » ; le Sauveur répondra : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ». C’est apparemment si simple ; il suffit de regarder le crucifié, de craquer, de pleurer, d’espérer, d’aimer.

Père Gilles Morin
Curé