Une bonne pierre, une pierre vivante

 

La Parole de Dieu devrait être pour nous Parole de vie qui irrigue et transfigure tout notre être. Ses commandements, loin d’être perçus comme aliénants et contraignants devraient tout au contraire nous donner les ailes de la vraie liberté, celle des enfants de Dieu s’élançant joyeusement sur les chemins de la sainteté. Comme l’affirme aujourd’hui le livre du Deutéronome, ils sont « notre sagesse et notre intelligence ».

 

Ce mercredi 5 septembre, notre Congrégation des Religieux de Saint Vincent-de-Paul soulignera le 200ème anniversaire de la naissance de l’un de ses fondateurs : Le Frère Clément Myionnet. Il mérite d’être connu tant sa vie est une belle page d’évangile, empreinte de simplicité, d’humilité et de docilité à la volonté de Dieu. Cet angevin du XIXème siècle, qui se disait « un peu lourd de formes »…et « parfait ignorant » était au final « plein de sagesse et d’intelligence ». Il accueillit humblement la Parole de Dieu semée en lui ; il la mit en application, de manière pure, venant en aide aux orphelins, aux petits et aux pauvres. Monseigneur Angebault, évêque d’Angers, lui avait dit : « Soyez comme la pierre que le voyageur rencontre sur sa route : il la pousse avec le pied, elle roule à droite ou à gauche, peu lui importe ». Clément Myionnet rappellera par la suite : « J’ai été cette pierre, comme me l’avait dit Monseigneur, qui devait se laisser rouler. C’est lui-même qui l’a lancée sur Paris, où elle est venue s’arrêter au pied de la châsse de saint Vincent de Paul, et où l’attendait M. Le Prevost. C’est cette même pierre que M. Le Prevost, quelques mois plus tard, jetait dans la fondation de la Congrégation ».

 

Notre communauté religieuse, à Notre-Dame de Nazareth, voit le départ du Frère Michel Colomb et l’arrivée du Frère Bruno Cautain. Nous saurons remercier l’un et accueillir l’autre à l’occasion de la fête de rentrée le 23 septembre. De son côté Rémi Gagnard qui assurait la direction du patronage des garçons nous quitte pour entrer au noviciat de notre Congrégation. Nous savons tout ce que nous lui devons et nous l’accompagnons de nos prières. À l’image du Frère Clément Myionnet, ils se laissent rouler là où Dieu les pousse ; ils s’arrêtent là où Dieu le veut. Pourquoi ? Parce que, eux aussi, ont accueilli la Parole de Dieu au plus intime de leur cœur, comme Parole de Vie qui s’incarne en Jésus-Christ. Ils ne se sentent aucunement brimés ni aliénés dans leur liberté. Ils s’émerveillent : « Y a-t-il un dieu aussi proche que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ?  » Y a-t-il un dieu aussi vivant et aimant que notre Dieu, qui va jusqu’à la folie du mystère de l’Incarnation et de notre Rédemption ? Ah! si cet émerveillement pouvait être le nôtre en cette rentrée ! N’est-ce pas le Seigneur qui nous a mis là où nous sommes, qui nous conduit au jour le jour, pour que nous vivions de sa parole et la mettions en application ? Comme le Frère Clément Myionnet, laissons-nous percuter, enseigneur, façonner et propulsé par cette Parole de Vie. En un mot, soyons une bonne pierre … mais une pierre vivante, dans l’Eglise.

 

Père Gilles Morin

Curé