Comment croire sans aimer ?

 

À l’échelon de l’Eglise universelle, nous sommes encore dans l’année de la foi ; au niveau diocésain, nous entrons dans l’année de l’appel. Dieu nous appelle à croire en Lui non point par la seule adhésion de notre intelligence mais par l’embrasement amoureux de tout notre être. Le « Je crois en Toi, Seigneur«  ne saurait se dissocier du « Je t’aime, Toi le Dieu de ma vie« . L’Acte de Foi, s’il est authentique, conduit toujours à l’Acte de Charité.

Saint Vincent-de-Paul, que nous fêtons en ce dimanche au sein de notre paroisse, nous l’enseigne par sa propre expérience. On sait combien il fut un géant de la Charité ; on oublie parfois l’admirable force de sa foi ; une foi par laquelle le Seigneur l’a appelé à se donner … à tout donner. Un épisode de sa vie l’atteste :

 

« J’ai connu un célèbre docteur, écrit M. Vincent, lequel avait longtemps défendu la foi catholique … en la qualité de théologal, qu’il avait tenue dans un diocèse … Il se trouva assailli d’une rude tentation contre la foi … Qu’arriva-t-il après tout cela ? Dieu eut enfin pitié de ce pauvre docteur, lequel fut en un instant délivré de toutes ses tentations … il commença à voir toutes les vérités de la foi, mais avec tant de clarté, qu’il lui semblait les sentir et les toucher du doigt ».D’où vint donc sa délivrance ? De ce que Monsieur Vincent vola à son secours, s’occupa de cet homme et s’offrit en victime à sa place. Ce fut donc lui qui, à son tour,  se trouva dans l’incertitude et l’angoisse. Il traversa une véritable nuit de la foi. Que fit-il ? Il écrivit le Credo et mit le papier sur son cœur. La tentation se présentait-elle à lui ; il posait alors sa main à cet endroit. … Lorsque des doutes sur la foi assaillaient son esprit, il n’hésitait pas non plus à tendre son bras vers Rome en se disant : « Je crois tout ce que l’Eglise Romaine croit ». Ce fut une longue lutte  … de plusieurs mois. Comment Monsieur Vincent retrouva-t-il la paix ? D’où lui vint sa délivrance ? « Il s’avisa un jour, raconte son premier biographe, de prendre une résolution ferme et inviolable pour honorer davantage Jésus-Christ, et pour l’imiter plus parfaitement qu’il n’avait encore fait, qui fut de s’adonner toute sa vie pour son amour au service des pauvres ». Il alla donc vers les petits et les pauvres en qui il honorait « la personne de Notre-Seigneur » et qu’il considérait comme « ses rois,  ses seigneurs et maîtres », Ô qu’il les accueillait bien ! qu’il les aimait bien ! Sa foi attisa sa charité ; sa charité pacifia sa foi. De ce jour, la paix revint au plus intime de son cœur.

 

Qu’en est-il pour nous ? Nous croyons, certes, mais notre foi est-elle toujours bien enracinée ? N’est-elle pas, à certaines heures, fragilisée et ébranlée ? Le Malin se plaît à nous faire douter pour nous faire tomber. Que faire alors ? Redire lentement et à haute voix notre Credo ; répéter en nous-mêmes : « Je crois tout ce que l’Eglise Romaine croit ». Mais il nous faut surtout écouter le Seigneur qui nous appelle à aller vers nos frères en qui il réside, pour les accueillir, les servir et les aimer. Il y a là un acte de foi à poser par lequel Dieu nous appelle à la charité.

 

Puisse chacun des nouveaux arrivants sur notre quartier se sentir accueilli comme un roi et aimé comme un frère.

 

Père Gilles Morin

Curé