La blancheur et la croix ?

Parlant de Jean Baptiste, Jésus lance à la foule : « Qu’êtes-vous donc allés voir ?  un homme habillé de façon raffinée ? ».

Et vous, en ce dimanche, que voyez-vous en regardant nos servants de messe ? Des enfants et des jeunes revêtus de leur aube ? Certes, c’est joli, mais il faut aller bien au-delà. Ils ne sont pas en blanc pour parader et se donner en spectacle. Ils ne sont pas là non plus pour apporter une simple beauté visuelle à nos Eucharisties. Au cours de la messe de 10h00, un insigne va leur être remis. Il n’est autre que celui des chrétiens : une croix. Avant de leur passer autour du cou, Monseigneur Eric de Moulins Beaufort les aura bénies en prononçant ces mots : « Accorde à ceux qui les porteront devant les hommes d’être transformés en l’image de ton Fils » ; puis, s’adressant à nos clercs, il leur dira : « Recevez la Croix du Christ notre Seigneur, Lui qui est venu, non pour être servi, mais pour servir. Qu’il vous accorde de marcher à sa suite dans le don de vous-mêmes au service des autres ».

Encore une fois, nos servants d’autel ne sont pas là pour parader dans le chœur, cherchant à attirer les regards pour se mettre en valeur. De même que Marie a affirmé : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon Ta parole », ainsi ces enfants et ces jeunes nous disent : « Je suis le Serviteur du Seigneur et de mes frères ; je veux avoir un beau cœur, je veux être saint ». Avec l’Apôtre Paul, et particulièrement en ce dimanche, ils pourraient nous affirmer : « Que notre seule fierté soit la croix de notre Seigneur Jésus-Christ » (Gal 6,14) ; « Nous ne voulons rien savoir parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. » (1 Cor 2,2)

L’Enfant-Dieu que nous attendons dans la nuit de Noël n’est autre que l’Agneau immolé au Golgotha pour le salut du monde ; Celui qui va être déposé dans le bois de la crèche n’est autre que Celui qui sera fixé sur le bois de la Croix. La blancheur de l’aube de nos servants de messe nous renvoie au vêtement de notre baptême, ce jour où nous étions saints en vérité. Elle nous invite aussi à contempler dans la foi la blancheur de l’hostie consacrée qui n’est autre que Jésus se donnant à nous en nourriture pour que nous soyons des vivants et des saints.

À l’approche de Noël, il faut raviver en nous la blancheur et la ferveur de notre baptême. Il faut réveiller en nous nos plus belles aspirations à la sainteté. Comment ? Tout récemment, le pape François a rappelé l’importance de ce moyen privilégié qu’est le sacrement de la Miséricorde … de la confession. L’œuvre de Jésus, a-t-il dit, «n’est pas seulement un changement de laid à beau, de mauvais à bon, il n’a pas fait du maquillage,  du  trucage : Jésus  a  fait  une transformation. (…) Il a tout changé de l’intérieur ! Il a changé par une re-création … Il s’agit d’aller à la racine de ton péché, a-t-il expliqué. Celui qui se confesse par deux petites paroles, ne se laisse pas re-créer. Il met seulement deux coups de pinceau de vernis. Il est très laid de cacher la gravité de nos péchés, comme le venin d’un serpent, a prévenu le pape. Il a encouragé à « aller au fond de nos péchés et les donner au Seigneur, pour qu’Il les efface : confesser mes péchés, avec nom et prénom : j’ai fait cela, cela, cela et j’en ai honte dans mon cœur ! Et j’ouvre mon cœur : ‘Seigneur… Recrée-moi !’ »

Jésus vient pour nous re-créer et nous sauver. Préparons bien nos cœurs à sa venue. Il est vraiment Celui qui doit venir. Nous n’avons pas à en attendre un autre. Le désert et la terre assoiffée de notre cœur doivent donc se réjouir. Voici notre Dieu ; il vient lui-même et va nous sauver.

Père Gilles Morin, Curé