Cher Jésus,

Je t’écris aujourd’hui à propos d’un ami. Il s’appelle Louis-Joseph. Tu le connais bien, ainsi que ses parents et sa famille. Ils sont venus si souvent ici, dans notre église de Notre-Dame de Nazareth. Depuis environ 8 ans, ils nous avaient quittés, ils avaient déménagé, mais comment les oublier. Leur témoignage nous a tellement marqués. Tant de fois, Jésus, ils t’ont rendu visite. Près de toi, dans le silence de ce lieu sacré, ils ont prié et supplié jusqu’à en pleurer. Tu les as accueillis, apaisés et réconfortés.

Jésus, souviens-toi de Louis-Joseph. Tu viens de le rappeler près de Toi. Il n’avait que vingt et un ans. Atteint d’une terrible maladie orpheline, son corps n’a pu se développer au juste rythme de son âge, ses mains et ses pieds ne lui ont permis ni de saisir ni de se porter, sa langue n’a pu se délier pour parler ; il avait même tant de peine à respirer. Son regard laissait transparaître une certaine souffrance mais il y avait de ces moments de grâce où il décochait un sourire qui nous irradiait.

Jésus, souviens-toi d’Eliane et d’Eric, les parents de Louis-Joseph. Ils sont tellement éprouvés. Tant de fois, je les ai vus porter leur fils. Il avait alors environ treize ans mais n’en paraissait que sept. Il était niché contre leur cœur. Dans la procession s’avançant pour la communion, Eliane et Eric portaient dans leurs bras leur petit Louis-Joseph. Que c’’était beau ! Je déposais sur la langue de cet enfant une petite parcelle d’hostie ; il ne pouvait en manger plus ; mais tu étais là tout entier, présent, ô combien présent. Son visage s’illuminait alors. Il ne faisait qu’un avec son Seigneur et son Dieu. Il croyait ; il croyait profondément. Sa maladie ne pouvait donc conduire à la mort. Il a maintenant effectué sa Pâque. Il s’est endormi. Il est vivant. Par-delà la douleur, Eliane et Eric en sont bien convaincus. Ils savent que toi, Jésus, tu as toujours été là. Ils croient que Tu es la résurrection et la vie.

Jésus, souviens-toi de nous. Nous sommes nous aussi marqués par les épreuves, par tant d’inquiétudes et parfois même de doutes. Nos âmes, trop souvent, sont gangrénées par la médiocrité et le péché. Il peut nous arriver d’aller jusqu’à désespérer voire nous effondrer. Redis-nous que, quelles que soient les œuvres de mort qui nous assaillent et nous rongent, Tu es la résurrection et la vie. Que toujours nous le croyions fermement ! Que toujours, sur ton ordre, nous sachions ôter la pierre de nos tombeaux pour sortir à ton appel ! Nous portant les uns les autres, puissions-nous tous nous approcher de toi et te laisser pénétrer en nos cœurs comme Sauveur ! Nous nourrissant de ton corps, nous abreuvant de ton sang, puissions-nous laisser résonner en nous tes propres mots qui traversent les siècles, qui sont Parole d’éternité : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais ». Sois sûr, Jésus, que nous le croyons vraiment.

Père Gilles Morin, Curé