Non pas divination mais contemplation

L’année 2018 s’ouvre. Dans une société portée à tout maîtriser, la tentation pourrait être grande de chercher à tout présager pour affronter et dominer les mois qui viennent. En cette période particulièrement propice aux consultations, il est à parier que devins, astrologues, mediums et marabouts de toutes sortes ne manquent guère de clients. Certains sondages  affirment qu’un Français sur dix y a recours.

Tout au long de cette nouvelle année, nous allons cheminer à l’exemple du peuple de Dieu marchant vers la terre promise. Se référant aux recommandations prodiguées par Yahvé dans le livre du Deutéronome, le catéchisme de l’Eglise Catholique fournit ces précieux rappels :

« Dieu peut révéler l’avenir à ses prophètes ou à d’autres saints. Cependant l’attitude chrétienne juste consiste à s’en remettre avec confiance entre les mains de la Providence pour ce qui concerne le futur et à abandonner toute curiosité malsaine à ce propos. L’imprévoyance peut constituer un manque de responsabilité (N° 2115).

Toutes les formes de divination sont à rejeter : recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées à tort  » dévoiler  » l’avenir   (cf. Dt 18, 10 ; Jr 29, 8). La consultation des horoscopes, l’astrologie, la chiromancie, l’interprétation des présages et des sorts, les phénomènes de voyance, le recours aux médiums recèlent une volonté de puissance sur le temps, sur l’histoire et finalement sur les hommes en même temps qu’un désir de se concilier les puissances cachées. Elles sont en contradiction avec l’honneur et le respect, mêlé de crainte aimante, que nous devons à Dieu seul. (N° 2116)

Tout au long de cette année nouvelle, nous serons invités à imiter les mages. Ils ne s’engagent aucunement sur le chemin de la divination. Tout à la fois riches de leur science et humbles chercheurs de vérité, ils partent de ce qu’ils voient. Mais qu’ont-ils donc vu qui les ait poussés à se lancer dans un tel périple pour les conduire à l’Enfant de Bethléem ? Les astronomes contemporains qui ont travaillé sur ce sujet pensent que les mages ont repéré une conjonction planétaire. Ce phénomène accentue parfois la luminosité des astres concernés, au point de créer une brillance inhabituelle dans un ciel étoilé. Aujourd’hui, des logiciels informatiques permettent de reconstituer le ciel tel qu’il apparaissait en Judée dans les années qui nous intéressent. On découvre alors qu’il y a bien eu une triple conjonction planétaire dans les années de la naissance de Jésus. La planète Jupiter a croisé par deux fois une étoile brillante nommée Régulus. Puis, quelques mois plus tard, Jupiter a encore croisé Vénus dans une autre partie du ciel. Lors de cette dernière rencontre, les deux planètes auraient même donné l’illusion qu’elles se fondaient en une seule et même planète. Sachant que Jupiter était la « planète des rois », et que Régulus était « l’étoile des rois », on voit comment des observateurs avertis du parcours des planètes, comme les mages babyloniens, ont pu voir dans ce phénomène un signe annonçant la naissance du Roi des rois de ce monde ! À cette explication plausible mais naturelle, on peut toutefois préférer celle qui croit à une lumière toute surnaturelle, comme le pouvait être la colonne de feu qui guida les Hébreux au désert … astre qui guida les mages jusqu’à l’Enfant-Roi.

Tout au long de cette année nouvelle, pour nous l’étoile brillera ; n’en doutons pas. Il ne s’agira pas de scruter la voute céleste pour s’imaginer y lire notre avenir. Cette étoile se lèvera chaque matin, traçant au milieu du monde et de notre cœur la ligne de partage entre lumière et ténèbres, entre pénombre et clair-obscur. Il nous faudra la repérer, l’admirer et la suivre. Elle nous mènera toujours au trésor par excellence, au Christ, Lumière du monde, nous clamant inlassablement son amour.

Père Gilles Morin, curé